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mes tissages chroniques du métissage, de la colonisation aux expressions contemporaines d'identités métisses ← articles plus anciens 15 novembre 2015 étranges loyautés suite pour enfinir avec la dépossession…je poursuis pour essayer aller plus loin… je pense à ce qui s’est passé charlie hebdo, hyper casher et attentats d’hier. les tueurs sont nés en france, grandis dans ce pays et qui ont développé une haine, un ressentiment, qui me paraît en lien avec ces conflits de loyauté… je rappelle que la première victime de mohamed merah est un militaire français d’origine maghrébine exécuté comme un traitre… de la même manière les frères kouach s’arrêtent dans leur fuite pour achever un policier quand il s’appercoivent qu’il est d.origine maghrébine…même logique dans les deux cas… et partir combattre en syrie, ou s’attaquer de manière terroriste à l’ occident peut être interprété par certains individus comme une façon de se défaire d’un sentiment de déloyauté construit autour du manque, de la perte des racines… une façon d’être de nouveau du bon côté…. de même qu adopter un comportement religieux radical peut servir de réponse à la souffrance de manque…les recruteurs d ailleurs le savent bien , distillant l’idée qu’il faut revenir dans le giron sécurisant des croyances des origines, de la pureté d avant la faute, l’oubli des racines, de la culture des ancêtres… ca vient de tomber et c’est presque sans surprise: un tes tueurs est « un jeune père aux racines algériennes, natif de courcouronnes »..encore un…et il y en a combien d’autres. grenades dégoupillées prêtes au carnage? ce qu’il nous reste à faire : inventer de nouvelles manières de parler à cette jeunesse issue de l’immigration, trouver les moyens de renouer avec leurs origines, avec leur histoire sans se dévoyer, sans se tromper de chemin… mais ce n’est pas si simple, les bons sentiments n’y pourront rien, le france bashing pire encore. après les événements de janvier, j’ai fait une découverte importante pour moi. quelqu’un me disait qu.il fallait leur parler de ces pages obscures de l histoire de france qui les concernait, colonisation, émigration…ce n’est pas vrai qu’on ne leur en parle pas… oui, on leur en parle mais avec quels mots, quelles intentions?. et qui leur parle, d’où émanent ces discours?le plus souvent d’ enseignants tout à fait français et eux mêmes assez ignorants et maladroitspleins de gêne et de mauvaise conscience . le résultat est complètement contreproductif: les jeunes ont le sentiment que l’école de france est en train de leur expliquer qu’ils vivent dans un pays de merde qui a méprisé et écrasé leurs pères qui ne veut pas d’eux et qui n’a jamais voulu d’eux… ce n’est pas à l’école de délivrer un tel message…ni à personne dureste on doit pouvoir tenir un autre discours pour concilier et réconcilier en eux ce qui se tiraille jusqu’à la déchirure…dire la vérité non pas pour appeler à je ne sais quelle vengeance ou désir de réparation mais pour apaiser…ce n’est pas facile, il n’y a pas que l’école, toute la nation doit s’y mettre et prendre en compte son histoire, de toutes les manières possibles sans atodenigrement ni flagellations. la nation doit permettre à ceux qui sont issus de l’immigration d’être l’un et l’autre, permettre la dualité, autoriser la ssynthese, ne plus enjoindre, ne plus exiger… on doit donner les moyens à cette jeunesse d’aujourd’hui être française et autre chose..les moyens de relier, de se sentir et d’ici et d’ailleurs avec des sentiments vifs et joyeux. ne plus être un dépossédé ou ne plus avoir le sentiment de l’être….. pour qu’il n’y ait plus de frères kouachi et de mohamed merah, qu’ils n’aient plus de terreau pour les engendrer…. publié dans non classé | 4 commentaires 14 novembre 2015 étranges loyautés c’est le titre d’un polar que j’ai lu, il y a longtemps, et que j’avais aimé. comme beaucoup de ces livres, j’en ai oublié la trame, me reste l’impression. et l’expression, aussi, qui me paraît convenir à ce que je cherche à comprendre, comme un sentiment fugace qu’il y a là quelque chose de très important, qu’il conviendrait de saisir. j’ai souvent parlé ici des conflits de loyautés qui déchirent les métis franco-indochinois, et qui sont peut-être constitutifs de toutes les identités émergeant de situations coloniales. j’ai le sentiment parfois que la colonisation s’ingéniait à établir des catégories bien distinctes, à les maintenir séparées, mais que quelque effort qu’elles fissent, elles finissaient par ne pouvoir empêcher que naissent, à l’interface, dans un entre-deux impossible et pourtant inventé, des hommes nouveaux, des pensées nouvelles, des façons d’être nouvelles. la colonisation a aussi induit cela, à son corps défendant, une modernité inédite.germée de ses contradictions. l’ordre colonial réglementait, organisait, imposait. pensait des catégories, sociales, raciales, juridiques, statutaires dans la séparation. cette séparation avait pour but principal de maintenir la hiérarchie, c’est pour cela qu’elle était indispensable. séparation spatiale des quartiers blancs et des quartiers indigènes, des espaces affectés aux uns et aux autres: écoles, cafés, clubs sportifs, cinémas. les blancs/ les jaunes, les citoyens/les indigènes, les français/les annamites. . cette partition justifiait de l’ordre, c’est quand les séparations étaient franchies que naissait le désordre. or ces catégories furent débordées… le désordre, l’incontrôlable, l’imprévu, c’est l’ entre-deux qui s’installe, comme occupant une fissure petite, puis en élargissant les bords, repoussant les limites, refusant les contraintes, cherchant à être l’un est l’autre. tout cela apparaît dans un « malgré tout » pour dire que les séparations et les hiérachies ne sont pas tenables. quelque chose crève comme un enveloppe insuffisante, par la poussée d’un mouvement interne. d’une contradiction interne. celle d’une constittution qui affiirme que « tous les hommes naissent libres et égaux en droit et le demeurent » et s’en va installer entre les hommes des hiérarchies au bout du monde. cela sans doute explique la mixophobie. le métissage est une transgression. biologique ou culturel…mais c’est d abord un inconfort. porter en soi,au plus profond de son cœur et de son âme,ce n’est pas ce truc super sexy mode et musiques qui unirait en harmonie orient, occident, caraïbes, couleurs,odeurs et saveurs, comme on voudrait dramatiquement nous faire accroître, non, se partager entre ces identités c’est d’abord une douleur profonde, un tiraillement jusqu’à la déchirure, une douleur qui peut mener très loin dans l’insupportable je raconte souvent cette histoire à mes étudiants.. il y a une douzaine d années j.ai décidé d.aller apprendre le vietnamien. le vietnamien, c’est la langue de mon grand-père, celle qu.il ne m.a pas apprise quand j.etais à ses côtés. le vietnamien, c’est la langue du manque. dans le cours où j’allais, il y avait surtout des français qui avaient vécu au vietnam ou souhaitaient y aller…j.etais la seule à avoir des origines metisses. on étudiait, c’était difficile, les tons et tout ça. je m.imaginais que ça allait me venir presque naturellement, comme une remontée de mes gènes… et bien non, pas du tout.. un jour, je peinais sur un exercice, et une de mes voisines, parfaitement blonde, le réussit impeccablement alors que je m’empetrais… j’ai eu envie de lui murer la tronche. c’était ma langue, c’était à moi que ça devait venir facilement, pas à elle qui n.avait aucun lien de cœur, d’âme avec cette histoire, elle n’avait pas le droit, elle me volait quelquechose… cette bouffée de haine n’a pas duré.. très vite j.ai pensé que ça me rendait con, ce rapport à ma part d. identité perdue, je pensais qu’une blessure identitaire ça pouvait rendre très con et injuste. je raconte cette histoire à mes étudiants avec ces mots là très exactement. exprès. et j’en vois certains, d’origine maghrébine, qui font de l arabe, filles voilées et garçons barbus et qui savent très bien de quoi je parle: à e